Apprendre le métier de dessinatrice…à l’ancienne
Il fut un temps où le calque et les Rotrings étaient les seuls outils pour dessiner.
Nous ne cliquions pas, nous grattions !
J’ai découvert ce métier en alternance, il y a presque 30 ans, aux côtés d’un architecte d’intérieur qui, bien que l’informatique commençait à faire son apparition, réalisait encore ses perspectives et insertions paysagères à l’aquarelle.
J’aime dire que j’ai été formée à l’ancienne, une époque où le dessin était avant tout un travail de minutie et de rigueur.
Mon premier entretien d’embauche reste gravé dans ma mémoire : mon exercice consistait à écrire l’alphabet en lettres majuscules au porte-mine, puis aux stylos techniques de différentes épaisseurs. Le but était de tester ma précision, ma “délicatesse” et mon aisance avec ces outils.
Les outils du dessinateur : calque, Rotrings et lame de rasoir
J’ai appris mon métier avec une table à dessin, du calque, des Rotrings, une équerre, un compas, des grilles à ronds et bien d’autres instruments. Pour démarrer un projet, j’installais mon calque que je scotchais soigneusement avec du Tesa. Je dessinais au porte-mine en attendant validation, puis je repassais ces lignes crayonnées à l’encre de Chine avec des Rotrings de différentes épaisseurs, du plus fin au plus épais.
Le seul moyen de corriger une erreur était d’utiliser une lame de rasoir. Impossible de revenir en arrière sans cesse. Mon maître de stage disait souvent :
« Un bon dessinateur doit savoir gratter 7 fois au même endroit. »
Autant vous dire que c’était quasi mission impossible. Si on grattait trop, le calque devenait fragile et se perçait… Il fallait alors le réparer ou tout recommencer.

Bien plus que du dessin : l’impression des plans à l’ammoniaque
Le dessin n’était qu’une partie du métier.
Il fallait aussi constituer les dossiers PC, APD, PRO… et pour cela, imprimer les plans. L’agence où je travaillais était équipée d’une machine à ammoniaque pour les impressions. Le calque était superposé à une feuille, puis inséré dans la machine. Il fallait être précis sinon le papier se décalait, bloquant l’appareil. Ensuite, je coupais et pliais les plans, un par un… à la main !
De la planche à dessin au BIM : l’évolution du métier
J’ai passé les cinq premières années de ma carrière à dessiner à la main, et je suis persuadée que je saurais encore le faire aujourd’hui.
Mais le métier a évolué. Ma planche à dessin a laissé place à un écran, mes Rotrings à une souris et un clavier, et le calque à une maquette numérique en 3D.
Pourtant, l’essence de mon métier est restée la même : rigueur, précision et passion.
Revit, un nouvel outil pour la même passion
Aujourd’hui, je dessine sur Revit, et si les outils ont changé, ma passion pour le dessin, elle, est restée intacte.
Ce que je faisais autrefois à la main avec du calque et de l’encre, je le fais désormais avec plus de rapidité et d’efficacité. Mais peu importe la technologie, ce qui compte, c’est toujours le regard du dessinateur et la précision du geste.
Tout ce que j’ai appris à mes débuts reste ancré en moi.
J’ai ce métier dans les mains et dans le cœur, et je mesure ma chance d’avoir eu ce parcours-là.